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Maîtres d’ouvrages publics, pourquoi l’acculturation à la construction hors-site est nécessaire

Published 08th Déc 21 - by Frédérique Josse

Maîtres d’ouvrages : une acculturation au hors-site, vite !

Un bloc insipide. Un préfabriqué. Un cube de mauvaise qualité. Voilà comment, pendant longtemps, le hors-site a été (mal) considéré. Or ce cliché – qui a la dent dure ! – a beaucoup pesé sur les relations avec les maîtres d’ouvrage public, prescripteurs incontournables. Ouf ! Les choses changent, nous expliquent deux fins connaisseurs.

 

Méconnu ou mal vu, le hors-site ? Encore un peu des deux, hélas, explique Pascal Poncet, responsable du service construction de la direction du bâtiment, pour la métropole du Grand Lyon. “Les maîtres d’ouvrage connaissent mal le hors-site, dont ils gardent encore une image dégradée, même si les choses évoluent. Dans le bâtiment, l’acte de construire correspond encore souvent, dans l’esprit des donneurs d’ordre, à des corps d’état traditionnels. En outre, le modulaire “peut être vécu comme une contrainte pour la mise en consultation, notamment quand il s’agit de
comparer des offres, car le hors-site fait appel à une grande variété de matériaux, contrairement aux critères plus classiques”. Et puis, ajoute Alain Nicole, directeur général de Plurial Novilia, bailleur social d’Action Logement, le hors-site a longtemps été associé à la construction de bureaux uniquement.

La loi du plus fort joue aussi. Non seulement dans la capacité à communiquer, la construction traditionnelle pesant évidemment plus lourd. Mais aussi, estime Alain Nicole, en ce qui concerne les volumes de production, qui freinent l’engagement de certains industriels. Il faut dire aussi que l’image du “cube” sans fantaisie rebute encore des architectes en quête de liberté créatrice.
Conséquences ? Les maîtres d’ouvrage font encore peu appel au hors-site, alors même qu’on entend partout l’urgence de stopper le tout-béton et que le ministère de l’écologie, lui-même, à présenté le hors-site comme étant “une opportunité pour le secteur de la construction” !

Derrière les clichés, les atouts

Car c’est pourtant une toute autre réalité qui se cache derrière ces clichés. Le modulaire possède notamment bel et bien une véritable capacité d’adaptation dans sa conception. Laquelle lui permet de concevoir des bâtiments esthétiques de grande qualité. Et même des productions très haut de gamme, comme ce projet de tours modulaires les plus hautes du monde, située à Londres.
Et puis, on le sait désormais, le hors-site peut et doit jouer un rôle dans la mise en oeuvre de la RE2020. C’est d’ailleurs en partie cela qui a conduit Action Logement à s’acculturer à la production hors site.

Au-delà des enjeux environnementaux, le choix du modulaire permet d’être disruptif : en même temps que l’on bâtit dans des délais très courts, en favorisant une économie circulaire, l’impact est aussi moindre au niveau du quartier de la construction. “Il y a moins de bruit, moins d’ouvriers, c’est moins long”, détaille Pascal Poncet. Au niveau de l’environnement du chantier, c’est plus apaisé”.
Autre atout, et non des moindres dans un secteur en très grande tension, la capacité du hors-site à revaloriser les métiers du bâtiment, affirme le maître d’ouvrage représentant la Métropole de Lyon : “l’un des véritables atouts est d’offrir des conditions de travail plus sécures et plus agréables.
Le fait de travailler en intérieur est un levier pour résoudre ce problème de recrutement. mais aussi pour assurer une mise en oeuvre optimum, gage de durabilité et de diminution des sinistres et contentieux…”.

Formation et communication, deux leviers clefs

D’accord, mais que faut-il faire pour changer la donne ? Chez Action logement, détenteur d’1 million de logements et créateur de 46 000 unités par an, on a souhaité étudier en détail tous les modes constructifs. “Nous avons informé nos maîtres d’ouvrage, notamment avec le webinaire de Pascal Chazal, Fondateur du groupe Hors-site, sur ce sujet. Et nous accompagnons nos filiales grâce à une assistance en maîtrise d’ouvrage et en développant des process d’appels d’offres en conception et réalisation”.

Et puis, il faut communiquer sur les réussites et les contre-exemples aux préjugés, ce qu’Alain Nicole appelle “la preuve par l’exemplarité”, notamment en profitant des opportunités du Grand Paris, ou des J0 2024.
“Je pense aussi qu’il faut utiliser le réseau et mener des actions convergentes, notamment avec les centres de formation, les principales fédérations, les promoteurs privés et l’Union des HLM, qui doivent être moteurs”. Pour Pascal Poncet, il faut réunir tous les acteurs de l’acte de construire autour de la même table : maîtres d’oeuvre, maîtres d’ouvrages, bailleurs sociaux, hôpitaux, collectivités, mairies, mais aussi les bureaux de contrôle.

Enfin, estiment les experts, le hors-site a, avec la RE2020, une occasion incroyable de faire bouger les lignes du bâtiment et de montrer son exemplarité en termes de transition énergétique. Et même, qui sait, d’aller encore plus loin, en proposant de nouvelles solutions innovantes.